A l'âge de douze ans il étudie le piano, puis travaille à l'Université et au
Conservatoire de Fribourg. Armin Jordan ne voulait pas faire de la musique son métier.
Il poursuit ses études de médecine, de théologie et de droit, « avec
toujours à côté un peu de musique. Puis, j'ai eu envie de diriger, et un
professeur m'a conseillé d'entrer dans un théâtre et d'y faire peu à peu mes
classes. (…) A 25 ans, j'ai donc abandonné tout le reste.»
En 1949, il forme un petit orchestre à Fribourg et commence la direction
musicale, il suit les cours de direction d'orchestre au Conservatoire de
Lausanne.
De 1957 à 1962 il est chef d'orchestre au thèâtre des villes
Soleure et Bienne (Städtebundtheater) et pendant l'été il dirige de nombreux
concerts au parc de la ville de Bienne. Il acquiert ainsi beaucoup de pratique
et expérience soit au théâtre lyrique qu'au répertoire de concert.
De 1962 à 1967 il est à l'opéra de Zurich où il a l'occasion de remplacer fréquemment les chefs
permanents, Nello Santi, Carlos Kleiber et Alberto Erede.
Il lui arrive de diriger l'après-midi Les Noces de Figaro de Mozart, et le soir
Aïda de Verdi. Ce poste lui plaît énormément, mais, désireux d'évoluer, il
va en 1968 à l'Opéra de Bâle. Pour des raisons de santé, il quitte ce poste
en 1989.
En 1973, il est nommé directeur musical de l'Orchestre de Chambre de Lausanne.
Il amène cet orchestre à un niveau excellent. En 1985, il va diriger
l'Orchestre de la Suisse Romande avec lequel il effectue, la même année, une
importante tournée aux Etats-Unis. Avec cette formation, il a réalisé de
nombreux enregistrements, en particulier, Pelléas et Mélisande de Debussy
(Grand Prix du disque français) et La Création de Haydn. De 1986 à 1992, il
est chef d'orchestre invité de l'Ensemble Orchestral de Paris.
Il soigne particulièrement le répertoire françaix (Debussy,
Ravel, Chausson, Chabrier, etc.) mais en même temps il est un prestigieux chef
pour Mozart et ses opéras. Wagner et Mahler lui conviennent moins, mais son "Parsival"
excelle par la clarté. Et aussi "Wozzek" et "Lulu" de Alban Berg sont des
oeuvres qu'il interprête magnifiquement.
Armin Jordan dirige dans de nombreux endroits prestigieux : le Festival
d'Aix-en-Provence, l'Opéra de Vienne, les Opéras de Hambourg, Munich,
Bruxelles, Lyon… Il dirige régulièrement l'Orchestre National de France et
l'Orchestre Philharmonique de Radio France.
Artiste aux possibilités multiples, il est à l'aise aussi bien dans le répertoire
symphonique que dans la musique de chambre.
Armin Jordan a une conception bien particulière de son métier : « Après
tout, nous ne faisons pas une note. Si on entendait en concert seulement les
notes auxquelles pense le chef en dirigeant, on obtiendrait la première ligne
de piccolo et les basses, mais entre les deux… C'est quand même un petit peu
un métier de charlatan. Le Philharmonique de Berlin joue bien, même avec un
mauvais chef, parce qu'il ne peut se permettre de jouer vraiment mal. Au fond,
ce comportement n'est pas normal. Je préfèrerais qu'un bon orchestre joue mal
avec un mauvais chef. »
Armin Jordan est mort en septembre 2006 après une crise cardiaque lors de le première de "l'Amour des trois oranges" de Prokofiev à l'opéra de Bâle.